Dans les études sur la métaphore, on distingue communément les métaphores conventionnelles, lexicalisées, que l'on retrouve notamment dans les expressions idiomatiques, des métaphores dites "poétiques" ou non-conventionnelles, que l'on rencontre fortuitement en discours, dans la presse ou en littérature. Ma thèse doctorale s'intéresse à l'origine commune de ces expressions métaphoriques du point de vue de la cognition. En prenant le cas spécifique des métaphores dans lesquelles l'eau constitue le support analogique, appelé "domaine source" dans la terminologie de Lakoff & Johnson (1980), il s'agit tout d'abord d'identifier les domaines notionnels visés (domaines cibles)afin de repérer certaines tendances voire des automatismes. En d'autres termes, pourquoi avons-nous systématiquement recours à une image de l'eau pour décrire tel phénomène ou telle émotion, plutôt qu'à une image du feu, de la végétation ou tout autre référent concret accessible dans l'espace qui nous entoure? Une fois le corpus établi et les tendances mises au jour dans la langue usuelle,(et le cas échéant, les métaphores conceptuelles construites sur le domaine source WATER), ces résultats seront mis en perspectives avec un corpus spécifique de métaphores aquatiques relevées dans luvre de l'écrivain écossais R.L.Stevenson. Il s'agira non seulement de confronter le modèle prédictif établi (domaines cibles associés, fréquence, collocations etc.)au corpus poétique afin de confirmer et de nuancer certaines observations, mais aussi d'enrichir l'approche herméneutique de luvre de Stevenson, dans une démarche dialectique féconde oscillant entre linguistique et littérature. Si la thèse s'appuie sur un corpus d'anglais contemporain, elle fera de nombreuses références comparatives au français et à d'autres langues européennes (allemand, italien, espagnol), afin d'illustrer l'universalité des métaphores conceptuelles mises au jour.