Ce travail a pour objectif d’analyser la traduction, la censure et la réception de six œuvres des écrivains surréalistes Louis Aragon et André Breton en Espagne pendant le second franquisme (1959-1975). La traduction des livres d’Aragon et de Breton en Espagne peut être perçue comme un des signes de l’ouverture de la société espagnole qui s’amorce dans les années 60, vers la fin du franquisme, et qui annonce la fin de ce régime autoritaire et la transition démocratique du pays. À son échelle, elle prend place parmi d’autres manifestations de cette ouverture : l’essor du tourisme qui met la société espagnole en contact avec des cultures politiques et des styles de vie différents, une tolérance plus grande vis-à-vis de la religion, une plus grande liberté des mœurs, le pluralisme politique, l’influence du marxisme, etc.Les ouvrages de notre corpus, que le régime considère comme dangereux, ont été critiqués et censurés par l’appareil censorial de cette dernière étape de la dictature, même si finalement les publications ont pu voir le jour dans ce pays. Avant d’examiner les dossiers de censure de ces textes à l’Archivo General de la Administración (AGA) à Alcalá de Henares, nous avons d’abord cherché des informations sur les maisons d’édition et les traducteurs intéressés par la publication de ces auteurs, accusés d’être dissidents et marxistes par la dictature. Nous avons ensuite réalisé une minutieuse analyse des textes afin de comparer le texte original au texte cible en établissant si une autocensure préalable a eu lieu. Nous avons également consacré une partie de notre thèse à l’étude des erreurs